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lors même qu’un aveuglement funeste leur en fait sacrifier la meilleure part. Il n’existe pas, dans le passé, de code complet du mensonge et de l’infamie. L’homme n’a jamais été barbare à ce point de ne pas reconnaître une partie de l’éternelle vérité.

Mais l’âme humaine se dégage continuellement du voile de l’erreur, et le passé ne prévaut point contre elle. Ses erreurs ne l’engagent pas. Ses progrès la dégagent d’une manière absolue, et le droit des antiques législations disparaît sans retour. Ce droit, confiné dans la caste, est monstrueux pour les hommes d’aujourd’hui. Il a paru sacré aux hommes d’autre* fois : pourtant l’esclave était un homme, et n’avait sans doute pas accepté la croyance qu’il était une chose. De temps en temps, du sein des philosophes et des poètes révélateurs, un grand cri s’élevait pour protester contre l’iniquité du contrat social. Que de cris étouffés ont dû retomber et expirer sur la terre, en ces temps d’oppression et de souffrance ! À mesure que l’histoire se détaille et se conserve dans nos archives, nous voyons la révolte élever, de siècle en siècle, sa voix sacrée et proclamer le droit éternel dans la religion, dans la politique, dans la science, dans l’art. La notion du vrai n’a donc jamais disparu parmi nous. Elle s’étend, elle lutte, elle grandit, elle combat, elle triomphe, et aujourd’hui enfin elle est proclamée. Tous les hommes la connaissent ou la sentent, et, si une déplorable minorité songe encore à la nier, l’humanité n’en tient aucun compte, et, dédaigneuse de châtier une erreur, laisse évanouir