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les autres. Votre frère ne cesse pas d’être votre frère parce qu’il est méchant. Les crimes des hommes n’empêchent pas qu’ils ne soient tous les enfants d’un même père qui est Dieu. La religion catholique donne le ciel aux uns, et l’enfer aux autres. Dieu, qui est au-dessus de toutes les religions, ne peut détruire son œuvre, Dieu lui-même ne pourrait pas empêcher que les damnés ne fussent encore les frères des bienheureux. Non, il n’y a point d’inégalité parmi les hommes, tous ont les mêmes droits. S’il y a une différence dans les devoirs, c’est que les plus intelligents et les meilleurs ont des devoirs proportionnés à l’étendue de leur intelligence et à l’activité de leur zèle. Dieu leur a dit : « Je vous donne les moyens dé faire le bien, faites donc à vous seul plus de bien que plusieurs ensemble. »

Que la société reconnaisse l’excellence de certains hommes, qu’elle leur confère les moyens d’instruire, de conseiller, d’administrer la société, rien de mieux, rien de plus utile et de plus pressé. C’est ce qu’elle fait ou s’efforce de faire dans toutes les grandes crises. Mais, comme elle peut se tromper et qu’aucun homme n’est d’ailleurs à l’abri de l’enivrement de l’orgueil ou de la défaillance de ses propres facultés, la société ne peut et ne doit jamais lui conférer une fonction qu’elle s’engagerait à ne pas lui reprendre. Les fonctions à vie sont une première atteinte portée à l’égalité.

Le peuple doit conserver le pouvoir, et, s’il juge à propos de renouveler le mandat confié à ses élus, il faut qu’il limite chaque fois la durée de ce mandat, afin de garder son droit d’examen sur chaque