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sous-préfets, des receveurs généraux et particuliers des finances, des procureurs du roi, des avocats généraux, des substituts, des percepteurs d’impôts, des commissaires de police et des officiers de gendarmerie, tous personnages qui peuvent avoir du mérite et du goût par exception, mais qui, en général, par position, par devoir, le plus souvent par nécessité, et quelquefois à contre-cœur, n’ont d’autre office que d’empêcher toute effervescence d’imagination, toute idée de progrès, toute originalité de caractère, toute pensée de réforme, toute tentative d’innovation. Revêtus de fonctions salariées, il ne leur est jamais dit : « Allez féconder l’esprit de cette province, allez travailler à son développement ! » il leur a dit : « Allez servir aveuglément qui vous emploie et qui vous paye. Allez étouffer tout rêve de liberté, tout souvenir patriotique, toute lueur de génie. Allez contrarier toute velléité d’indépendance, tout instinct de fierté, toute sympathie pour les hommes de progrès. Veillez bien aux élections, surtout ; tourmentez les consciences, ébranlez la religion du pays confié à vos soins, à vos intrigues et à vos poursuites. Écartez tout candidat follement imbu d’une idée de liberté, et audacieusement porté par la portion saine, généreuse et active de la population ; accusez-le, calomniez-le, s’il le faut ; perdez-le dans l’opinion ; chicanez son droit d’éligibilité par toute sorte de ruses procédurières ; effrayez les électeurs, séduisez ceux-ci par des promesses que vous tiendrez si vous pouvez, consternez ceux-là par des menaces. Enfin corrompez, c’est-à-dire régnez et