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engendré tant de dissimulations. Nous croyons la franchise toujours nécessaire. Celui qui ne veut pas donner le plus complet témoignage de sa foi, ne peut avoir de bonnes intentions. Si la loyauté n’est pas sur nos lèvres, comment oserions-nous soutenir qu’elle est dans notre âme ?

Ainsi, au risque de paraître nous établir sur un paradoxe, nous dirons que nous avons en nous-mêmes une forme idéale de la vérité qu’on ne nous arracherait qu’avec la vie. Et pourtant nous dirons aussi que nous ne croyons à cette forme que parce qu’elle nous semble réaliser le besoin et le vœu de tous ; que, si quelque chose pouvait nous y attacher plus que nous ne le sommes, ce serait l’assentiment croissant de tous nos semblables : de même que, si quelque chose pouvait nous en détacher, ce serait la preuve fournie par l’humanité elle-même d’une vérité meilleure et plus conforme à sa véritable aspiration.

Cette forme idéale de la vérité, j’ignore encore si je serai appelé à la dire dans cette publication, que, j’entreprends avec l’espérance de m’éclairer moi-même en présentant au peuple des sujets d’examen et de méditation ; je l’ai fait pressentir assez clairement dans de nombreux ouvrages, alors qu’il y avait danger à le faire, pour ne me croire pas obligé ici à une profession de foi. Sous la menace des lois de septembre, c’était un devoir de proclamer sa croyance individuelle. Sous le régime de la liberté, ce qui était courage peut devenir du pédantisme, et la possibilité d’encourir ce reproche nous rendra très circonspect