Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ceux qui nous les proposeront. Nous n’écouterons pas leurs belles paroles, et nous nous défierons surtout de ceux qui n’étaient pas de la République la semaine passée, et qui seront pour elle la semaine qui vient. Nous savons bien que la jappe ne leur manque pas, et qu’il y en a qui font contre fortune bon cœur. Mais nous consulterons leur comportement dans le passé et nous saurons bien s’ils étaient durs pour nous ou s’ils nous assistaient dans nos peines, s’ils ont eu peur de nous, au premier mot de République qui a sonné, ou s’ils ont confiance en nous ; nous verrons bien s’ils nous insultent en disant tout bas que nous ne sommes pas capables de nous gouverner, ou s’ils nous ont toujours eu en estime, en disant, de tout temps, qu’on devait nous donner la liberté et l’égalité.

Nous verrons tout cela, bonnes gens, et nous sommes assez fins pour nous méfier des cafards. Nous savons bien qu’on en viendra à nous flatter pour nous faire faire ce qu’on voudra. Ce sera à nous de nous souvenir comment ces gens-là nous ont traités avant la révolution. Ça ne sera pas si vieux, nous n’aurons pas eu le temps de l’oublier.

Sur ce, mes chers paroissiens concitoyens, je me recommande à vos bonnes prières, et je recommande la République à vos bonnes intentions.

Sur la paroisse de Nohant-Vicq, le quinzième du mois de mars de l’année 1848.