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conseil méritent d’être crus, ou s’ils ne le méritent pas. Dans quelques années d’ici, quand nous saurons tous lire et écrire sans qu’il nous en coûte rien pour apprendre, nous saurons bien ce que chacun fait, ce que chacun dit, ce que chacun vaut. C’est là ce qu’on appelle le progrès. Mais, au jour d’aujourd’hui, nous ne sommes pas encore assez savants pour ne pas risquer gros avec les bourgeois, dont quelques-uns auront profit à nous faire voter pour eux et pour leurs amis, contre nos intérêts. Nous serions bien pris si, croyant envoyer à l’Assemblée des amis du peuple, nous envoyions des ennemis qui aideraient à faire des lois contre nous.

Je ne vois qu’un moyen pour empêcher ça, c’est que nous exigions d’abord qu’on donne à des gens comme nous, à des ouvriers des villes et à des gens de campagne, une partie des voix. Les bourgeois, voyant que nous tenons à notre droit, puisque nous sommes tous éligibles, emmèneront avec eux à l’Assemblée des témoins de leur conduite, qui n’auront pas d’intérêt à nous tromper et qui nous rendront compte de ce que font les bourgeois pour ou contre nous. Nous reconnaissons bien que nous ne devons pas être tous députés à l’exclusion des bourgeois ; les bourgeois sont nos égaux, ils ont droit comme nous, et outre cela, ils ont plus d’éducation et sont plus adroits dans les connaissances. Mais nous voulons qu’avant d’être savants, ils soient honnêtes, humains et bien portés pour le peuple. Nous examinerons la conduite de ceux qu’on nous proposera, et la conduite