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en colère comme du temps de l’ancienne République. Nous voyons qu’on va nous faire droit et nous aurons la patience d’attendre que toutes les affaires se débrouillent, parce que nous savons que ça arrivera prochainement. Nous ne faisons de menace et d’insulte à aucun, qu’il soit riche ou pauvre. Nous savons que, sous la République, les mauvais deviendront meilleurs, et les bons deviendront excellents.

Nous commençons déjà à entendre que nous n’étions pas tous citoyens sous la royauté, et que nous le sommes depuis la République. Nous voilà tous gardes nationaux, électeurs, par conséquent dans l’égalité autant que la chose est possible pour le moment. Nous allons tous, soit que nous ayons quelque chose, soit que nous n’ayons rien, nommer nos maires, nos adjoints, nos conseillers municipaux, nos députés, nos officiera et sous-officiers de la garde nationale. Moi qui vous parle, citoyens mes amis, je ne change pas mon sort de ce côté-là, parce que j’étais électeur municipal. Mais ça me fait grand plaisir de voir mon cousin Jean, qui est aussi bravé homme et pas plus bête que moi, et qui ne votait pas parce qu’il ne payait pas assez, devenir aussi égal que moi. Et j’ai, dans ma paroisse, beaucoup de parents et d’amis qui me jalousaient un brin, parce que j’étais un peu plus aisé qu’eux, qui m’aimeront franchement le jour où ils s’apercevront qu’ils ont autant de part que moi dans le gouvernement de la commune et de la nation. M’est avis qu’on est plus heureux et plus content quand on est bien avec tout le monde et qu’on voit