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et ils n’osent pas se mettre en guerre avec nous, parce que leurs peuples veulent aussi la République, et qu’ils ont peur que leurs soldats ne refusent de marcher contre les Français. Voilà la chose comme elle est, et ceux qui craignent la guerre peuvent bien se tranquilliser. Si on nous la fait, nous serons plus forts que tous les étrangers et ça sera la fin finale de tous les rois.

Tant qu’aux nobles, il n’y en a plus ; la République les a tous abolis, et, comme ils sont plus raisonnables que dans les anciens temps, ça ne les fâche point d’être citoyens comme les autres.

Tant qu’aux prêtres, ils savent qu’on ne leur veut point de mal, que le peuple est devenu plus instruit et plus humain que dans les anciens temps, et qu’on n’en veut pas à la religion. Alors, ils ne sont pas fâchés de la République, et il y en a même qui sont de parfaits chrétiens et que la République contente beaucoup. Ceux-là demandent qu’on leur ôte le casuel, car ça les afflige et les humilie beaucoup d’être forcés de demander à un malheureux qui n’a quasiment point de pain à la maison, de l’argent pour enterrer sa mère ou ses enfants péris par la misère.

Tant qu’aux bourgeois, comme il y en a beaucoup et que ça fait une grande population, comptant les petits bourgeois qui ont souffert dans leurs affaires par suite du commerce qui n’allait plus sous Louis-Philippe ; et les gros bourgeois qui ont beaucoup gagné, les uns parce qu’ils ont fait honnêtement de bonnes affaires, les autres parce qu’ils se sont fait