Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est arrivé. C’est que l’empereur Napoléon, en se mettant la grande couronne sur la tête, avait perdu la moitié de son esprit. À ce qu’il paraît que la couronne de roi dérange l’esprit de tous ceux qui la mettent, et que, quand un homme se trouve le maître de tous, les autres, quand même que ça serait l’homme le plus sage de toute la chrétienté, il faut qu’il perde sa raison et sa justice. Ça ne fait pas plaisir au bon Dieu de voir des millions d’hommes baptisés se soumettre à un homme, comme s’il était le bon Dieu lui-même. Cette coutume-là retire un peu des païens, qui ont commencé à servir leurs rois et à se mettre esclaves pour leur faire plaisir. On a continué la chose après avoir renvoyé les païens, sans faire attention que Notre-Seigneur Jésus-Christ avait dit aux hommes qu’ils étaient tous frères et qu’ils avaient devoir de ne plus être esclaves.

L’empereur Napoléon avait donc beaucoup diminué en sagesse, en prenant la couronne, et, à mesure qu’il devenait un roi à la mode des anciens rois, il ne savait plus si bien se conduire. Le monde ne l’aimait plus tant ; il faisait périr trop de soldats, et nos femmes s’en plaignaient grandement. En manière que, d’année en année, il augmentait les impôts pour payer ses grands officiers et ses amis, et que le peuple en était écrasé. Alors, il a fallu qu’il tombe aussi, parce que quand un roi n’est plus aimé du peuple, il ne peut plus rester.

Mais le peuple qui se croyait sauve, s’aperçut en peu de temps qu’il était tombé d’un mal dans un pire.