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plus jamais se battre, ni se quereller, ni se faire du tort les uns aux autres. On a mis aussi sur les journaux que le seul moyen de s’accorder, c’était de se mettre en république, et ça m’a fait souvenir du temps que j’étais jeune et quasiment un enfant tout au juste en état de mener mes bêtes aux champs. Et, dans ce temps-là, on se disait aussi citoyens, et on jurait la République. Mais ils s’en sont fatigués, à cause que les riches trompaient toujours les pauvres, ce qui était une chose injuste : et à cause aussi que les pauvres avaient fait mourir ou ensauver beaucoup de riches pour en tirer une vengeance, ce qui n’était pas juste non plus. Alors, on s’est mis en guerre avec les Autrichiens, Prussiens, Russiens, et autres mondes étrangers, et la République a fini comme une nuée d’orage qui s’est toute égouttée.

Mais on s’est imaginé qu’il fallait un homme tout seul au gouvernement et on en a pris un qui n’était pas sot : l’empereur Napoléon. Il a bien fait tout ce qu’il a pu, à ce qu’il paraît, pour empêcher les ennemis de prendre la France ; mais, quoique ça fût un homme bien savant et bien courageux, et que tous les Français soient grandement bons soldats, et courageux à l’ennemi tout à fait, les étrangers sont revenus tous ensemble et ont donné la France à l’héritier des anciens rois que la République avait renvoyés.

C’est une chose imaginante, comme la nation des Français, qui s’était si bien comportée contre es mondes étrangers, a pu se laisser commander par des Prussiens, Russiens et Autrichiens. Voilà comment