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Paris violeront ainsi le sanctuaire de la légalité sur tous les points de la France, les ouvriers des provinces briseront vos machines, brûleront vos forêts, pilleront vos domaines ; nous aurons la guerre civile. Vous Verrez recommencer les horreurs du passé, et les passions que vous aurez allumées ne respecteront rien. Adieu la civilisation, adieu la France, adieu l’humanité. Ce sera un cataclysme universel. Quant à nous, nous sommes convaincus qu’il faut faire tout ce que veut le peuple. Comment donc, tout ! et plus encore. Vous trouvez le gouvernement provisoire trop patient et trop humain ; nous le trouvons trop ferme et trop équitable. Il nous tient sur un volcan. Hélas ! nous n’avons qu’une ressource, c’est de flatter le peuple. Vous vous vantez de lui couper les ongles ? nous, nous lui baiserons les griffes. Ce cher peuple ! ce bon peuple ! Doublons son salaire d’emblée, et ne lui laissons pas le temps de demander quelque chose. Mettons-nous à sa merci ! Il est si bon, que, si nous faisions mine de le contrarier, il nous mettrait en pièces. »

Peuple ! méprise les flatteries des poltrons et déjoue les artifices des traîtres. N’estime pas ceux qui te ménagent par crainte ; n’estime que ceux qui vont vers toi la poitrine découverte, quand même tu es irrité, et qui te disent en face : « Expliquons-nous ! » Jamais, dans l’avenir, tu ne recommenceras le passé. Dans le passé, tu as été l’homme du passé, tantôt sublime, tantôt criminel. Reconnais la faute de tes pères, et pourtant vénère et bénis le nom et la mémoire de tes pères ; ils ont eu les vertus de l’avenir, en dépit des égarements