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et la métropole. N’est-ce point une conséquence fatale du génie de Napoléon, que ce développement illimité de la vie d’une cité aux dépens de la vie d’une nation ? N’est-ce pas une création parallèle à celle de sa propre existence de monarque despotique et de conquérant, que cette souveraineté absolue, que cette conquête incessante de la capitale sur le pays ? Certes, l’Assemblée constituante et la Convention, en abolissant les barrières de province à province, en détruisant même jusqu’aux dernières traces et jusqu’aux noms de ces provinces, n’avaient pas voulu décréter l’anéantissement de la France. C’était, au contraire, l’unité de la France, la vie générale de la France, l’organisation collective de la France, que nos législateurs sortis du peuple avaient voulu fonder. Mais, hélas ! leur tentative d’organisation ne fut qu’un rêve ; car où est ce peuple nouveau qui devait vivre dans la liberté, dans la fraternité, dans l’égalité, depuis les Alpes et les Pyrénées jusqu’à l’Océan, ce peuple destiné à régénérer l’humanité tout entière en lui montrant le type d’une humanité meilleure ? La preuve que l’organisation dont il s’agissait n’a pas été effectuée, c’est que les principes mêmes qui devaient servir de hase à cette organisation, ces principes de liberté, de fraternité et d’égalité sont aujourd’hui livrés à la risée publique par nos hommes d’État. Qu’est-il donc arrivé ? L’unité véritable ne s’est pas fondée ; mais, à sa place, nous avons un faux semblant d’unité, quelque chose comme cette solitude dont parle Tacite, et que les tyrans de son temps appelaient liberté. Qu’est-ce, en