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du présent, entends-le bien ! Le présent, c’est la vie, et la vie n’est pas dans l’isolement. Jusqu’à ce jour, les sociétés ont vécu sous le régime des castes : c’était l’isolement social. Chaque famille composant l’unité sociale était parquée dans des habitudes de privilège : privilège de loisir et de bien-être pour les uns, privilège de douleur et de travail incessant pour les autres. Dans cet état de funeste séparation, tes membres de la famille générale, privés du contact nécessaire qu’ils doivent avoir entre eux, se méconnaissaient mutuellement. Privé de droits politiques, tu étais dans un état de minorité et d’enfance éternelle. Les docteurs de la science sociale agissaient comme ferait un père de famille qui tracerait a priori le système d’éducation de tous ses enfants, sans jamais consulter les aptitudes, les besoins, les aspirations de chacun d’entre eux. Une telle éducation ne produirait que des idiots ou des fous, et celui qui la concevrait et la mettrait à exécution serait fou lui-même. Ne t’étonne donc pas que tant de puissantes intelligences soient devenues malades sous ce régime coupable qui privait les habiles du concours des simples. Les simples sont aussi nécessaires aux habiles que la voix libre et pure de l’enfant l’est aux oreilles paternelles. Une portion de l’humanité ne peut pas se séparer par le cœur et la pensée du contact et du consentement des autres, sans tomber dans le faux et dans l’injuste.

Le présent, ô peuple ! tu l’as trouvé : c’est la place publique, c’est la liberté : c’est la forme républicaine