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l’être, mais comme inévitable. Tu as prouvé une fois de plus au monde, et d’une manière plus éclatante, qu’en aucun des jours consacrés par l’histoire, que tu étais la race magnanime par excellence. Doux comme la force ! Ô peuple que tu es fort, puisque tu es si bon ! Tu es le meilleur des amis, et ceux qui ont eu le bonheur de te préférer à toute affection privée, de mettre en toi leur confiance, de te sacrifier, quand il l’a fallu, leurs plus intimes affections, leurs plus chers intérêts, exposé leur amour-propre à d’amères railleries ; ceux qui ont prié pour toi et souffert avec toi, ceux-là sont bien récompensés, aujourd’hui qu’ils peuvent être fiers de toi, et voir ta vertu proclamée enfin à la face du ciel. Venez tous, morts illustres, maîtres et martyrs vénérés, venez voir ce qui se passe maintenant sur la terre ; viens le premier, ô Christ ! roi des victimes, et, à ta suite, le long et sanglant cortège de ceux qui ont vécu du souffle de ton esprit, et qui ont péri dans les supplices pour avoir aimé ton peuple ! Venez, venez en foule, et que votre esprit soit parmi nous. Le peuple intelligent, qu’on a volontairement et criminellement privé de la connaissance de sa propre histoire, ignore beaucoup de vos noms, et a méconnu peut-être plus d’une fois vos œuvres. Mais il lui faudra bien peu de temps pour tout savoir, car il est jeune ; et, pour illuminer son esprit, il ne faut que quelques paroles de vérité recueillies par son cœur. Que sera donc ce peuple dans quelques années, quand lui-même, prenant le soin de se gouverner, aura créé le moyen de s’instruire ? Tu vas régner, ô peuple ! Règne