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grande anarchie. Mais ce qui peut être dit par chacun de nous en passant devant le Capitole chrétien, avec une salutation plus ou moins profonde, peut-il se résumer en peu de mots, et ce peu de mots peut-il être utile à tous, sans outrage pour ce temple respecté qui porte dans ses flancs toute l’histoire du passé de l’Europe ? Qui, et ce peu de mots, le voici : « Saint-Père, soyez bon chrétien ! » Le développement de cette apostrophe ne sera ni long ni embrouillé : c’est la lettre de Mazzini. Je vais la mettre sous vos yeux ; après quoi, je n’ajouterai pour mon propre compte, qu’un bref commentaire.


« Très Saint-Père !

» Permettez à un Italien qui observe depuis quelques mois chacun de vos pas avec une immense espérance, de vous adresser, au milieu des applaudissements, souvent trop serviles et indignes de vous, qui s’élèvent autour de votre personne, une parole libre et profondément sincère. Dérobez, pour la lire, quelques minutes aux soins infinis qui vous accablent. D’un simple individu, animé de religieuses intentions, peut venir un conseil important. Et je vous écris avec tant d’amour, avec un tel ébranlement de toute mon âme, avec tant de foi dans les destinées de mon pays, que ma pensée devrait être la vérité.

» Et d’abord, il est nécessaire, Très Saint-Père, que je vous dise quelque chose sur moi-même. Mon nom est probablement arrivé jusqu’à vos oreilles, mais accompagné de toutes les calomnies, de toutes les