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brûlantes espérances du peuple dévot de l’Italie ne trouveront pas en lui leur réalisation, et le parti anti-jésuitique, qui domine tout parti religieux en France, n’entraînera point, par ses éloges et ses bénédictions, Pie IX à détruire l’ordre des jésuites dans le monde. D’un autre côté, le pape est-il, par la force des choses réduit à une impuissance absolue ? n’a-t-il rien à faire ? est-ce pour rien que Dieu lui a donné plus d’intelligence et d’énergie qu’à son prédécesseur ? L’idée chrétienne est-elle tombée dans une telle désuétude, que le chef de l’Église soit condamné à l’abjurer pour faire le bien ? Enfin, le monde moral est-il perdu sans ressources, et, dans ce qui reste debout de la puissance du passé, n’y a-t-il rien à respecter, rien à sauver, rien qui puisse aider au progrès de l’humanité, et servir de pont entre l’avenir et le présent ? Affirmer que non, serait bien lugubre, et je crois qu’il y a devoir à chercher comment l’humanité nouvelle pourra continuer à développer sa vie, sans renier la cendre féconde où elle l’a puisée.

Je ne fais pas de politique, monsieur le rédacteur ; c’est pourquoi je puis dire tout ce que je pense : et pourtant je n’ai pas à le dire ici, où je ne suis point appelé à une profession de foi, et où l’exposé de mes croyances religieuses serait tout à fait hors de saison. Je ferai comme mon noble ami Mazzini, qui s’est abstenu, dans sa lettre au pape, de dire son opinion sur les formes du culte à venir. Chacun porte une forme quelconque de l’avenir dans sa pensée, à l’heure qu’il est, et il n’en peut résulter encore qu’une