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tendaient sacrifier ce qu’il appelait le Contrat social, à la fantaisie ou à l’égoïsme de l’individu. Il est aisé de voir que Louis Blanc appartient à-Rousseau plus qu’à Voltaire, mais que l’on ouvre son livre n’importe à quelle page, on y verra toujours l’ardente recherche d’une vérité supérieure à celle qui fit le débat du xviiie siècle, et dont les conséquences en lutte pesèrent si fatalement sur la Révolution. Cette vérité supérieure c’est l’accord des deux doctrines, c’est le travail que nous ont légué nos pères, c’est le mot de l’avenir. Nul ne peut dire encore sous quelle forme précise ce grand problème sera résolu ; mais accuser un noble et grand esprit de n’en avoir pas reconnu et proclamé la nécessité, c’est ne l’avoir pas compris, c’est presque le calomnier.

Certes, il y a, dans les deux extrêmes de la Révolution, des élans d’enthousiasme, des heures de périls où l’héroïsme patriotique a su tout sacrifier, même le droit de l’individu à l’idéal de la liberté et à la passion de la nationalité. Ce sont là des transports sacrés que l’historien a partagés en les racontant, et que nous partageons tous, Dieu merci, en lisant les admirables pages que le sujet lui a inspirées ; mais conclure de là au rêve d’un état normal de violence, de fièvre et de passion pour la société future, c’est accuser l’auteur et le lecteur de folie, et de telles accusations ne méritent pas qu’on y réponde.

Montrer par quels prodigieux efforts la conscience humaine, comptant avec les aveugles superstitions de l’obéissance passive, chercha la loi de son émancipa-