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tervention dans nos généreux desseins, dans nos luttes héroïques ? Eh quoi ! la Providence aurait suscité César, elle l’aurait absous de ses vices et protégé dans ses intrigues, trouvant plus simple et plus commode de s’adresser à la finesse d’un homme que d’éclairer des masses ignorantes et passionnées ? Ce serait attribuer à l’action divine bien de la paresse et de la fantaisie, et ce n’est pas sérieusement que la littérature historique se sert des poétiques expressions qui tendent à attribuer à certains hommes le droit d’agir au nom des dieux.

Nous croyons, nous, que la Providence est l’action de Dieu en nous, et non pas sur nous. À ce titre, nous avons tous un droit égal à ses bienfaits, à ses révélations, et c’est à nous de connaître de mieux en mieux les lois de cette action, c’est à nous de nous enseigner les uns les autres, sans attribuer à un seul d’entre nous le droit exclusif de régler nos opinions d’après les siennes et nos destinées suivant ses ambitions.

Nulle part, les grands résultats qu’un peuple peut obtenir de l’initiative de chaque individu largement éclairé à un moment donné de son existence par le progrès providentiel, ne sont aussi clairement démontrés que par notre grande révolution. Là, on peut bien voir les agitations suscitées par l’influence de tel ou tel homme, mais on sent le besoin de tous de lutter avec énergie pour un principe, et l’on a pu presque dire dans ces grandes heures de l’histoire : « À présent, Dieu s’occupe de nous, ou tout au moins Dieu nous regarde ! »