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II

C’est en 1847 que nous écrivions les lignes qui précèdent. Dix-huit années riches d’enseignements, terribles d’évidence, se sont écoulées depuis que nous signalions l’apparition des deux premiers volumes de cet important et magnifique ouvrage, aujourd’hui terminé, aujourd’hui popularisé par l’édition illustrée, aujourd’hui jugé par toutes les intelligences droites, aujourd’hui placé au premier rang des livres d’histoire que notre siècle déjà si riche a produits.

Donc aujourd’hui, en relisant les douze volumes de Louis Blanc sur la révolution française, nous sommes douze fois plus convaincu de ce que nous pensions il y a dix-huit ans. De combien de faits, de combien d’œuvres, de combien d’hommes, de combien de jugements pouvons-nous dire la même chose après un intervalle si rempli d’expérience et de déceptions ? Un cataclysme politique a dispersé en apparence des éléments de progrès que les circonstances avaient groupés autour d’une action commune, mais là où l’individu représentait fortement une idée vraie, ces éléments n’ont rien perdu de leur force, la dispersion ne s’est pas faite dans l’ordre moral, l’éloignement des personnes n’a donné à leur pensée que plus de valeur et à leur génie que plus de portée. Ceux qui étaient aux avant-postes du mouvement libérateur sont restés