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coup de douceur et d’humanité à votre endroit, et vous êtes ingrat envers Dieu et envers les hommes, en les accusant, et en manquant à vos promesses.

LE MENDIANT.

Et vous aussi, bon prêtre ! vous êtes las de la charité ? Ma misère vous importune, vous ne voulez plus me voir à votre porte ; vous voulez que j’aille mourir d’ennui et de langueur loin des yeux qui me regardaient en pitié.

LE CURÉ.

À Dieu ne plaise, mon frère ! Sans la loi nouvelle vous seriez toujours le bienvenu à mon foyer. Mais il faut obéir aux lois.

LE MENDIANT.

Celle-ci est une loi contre nature !

L’ADJOINT.

Tu es un vieux misérable de parler comme ça ! C’est une loi sage, utile et nécessaire. Elle débarrasse les abords de nos maisons d’un tas de fainéants capables de tout mal. Il n’y avait plus de sûreté pour nos femmes et nos enfants quand nous étions au travail et que vous veniez par bandes les menacer et les rançonner.

LE MENDIANT.

Est-ce à moi que vous adressez ce reproche-là ?

LE CURÉ.

Non, car il serait injuste. Vous avez toujours mendié humblement, et on ne saurait vous reprocher la paresse à votre âge. Mais on ne peut pas faire d’exception. Subissez donc la loi commune. L’institution est morale par elle-même, et, si elle est dirigée dans un