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n’avoir plus l’ennui et la honte de voir Lazare ramasser les miettes de leur table.

LE CURÉ, à cheval, suivi de l’adjoint de la commune.

Qu’entends-je là ? des blasphèmes dans la bouche de ce vieillard que j’ai connu toujours si pieux et si doux ? Qu’y a-t-il ? Qu’a-t-il donc fait, monsieur le gendarme ! épargnez cette tête chauve.

LE GENDARME.

Ne craignez pas pour lui, je ne suis pas un homme sans cœur, je ne lui veux faire aucun mal. Aidez-moi, monsieur le curé, à lui persuader de renoncer à la mendicité et de me suivre au dépôt dont il fait partie.

L’ADJOINT.

C’est moi qui ai rédigé la demande pour l’y faire admettre. Vous en étiez consentant, vieux ?

LE MENDIANT, sur ses genoux.

Vous m’aviez persuadé cela, vous ! Vous ne m’aviez pas dit qu’on était soumis à des règlements. Quand j’ai su ce que c’était, je ne m’y suis pas rendu. Et parce que j’ai continué à mendier comme c’est mon habitude et mon droit, ils ont prétendu que la mendicité était un délit à présent. Ils m’ont arrêté et menacé de la prison ; mais, comme je les ai attendris par mes paroles, ils m’ont fait grâce, à condition que j’irais au dépôt.

LE GENDARME.

Oui, il a promis de s’y rendre, et à présent il s’y refuse à moitié chemin.

LE CURÉ, au mendiant.

C’est mal, mon frère ! On s’est conduit avec beau-