Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée

nise, et tous les étrangers vont voir sa galerie de tableaux. Nous ne blesserons pas la modestie de Calamatta en disant quelle stoïque existence il a embrassée pour se consacrer sans relâche à un travail consciencieux, à des études presque inconnues aux artistes de nos jours. Mais nous sommes forcés de dire que son talent et son œuvre sont, par rapport à ceux de Schiavoni, ce qu’est Raphaël à Bassano. M. Calamatta conserve les traditions inflexibles du dessin correct de M. Ingres, nul mieux que lui n’a le sentiment du beau et la puissance de le reproduire fidèlement. L’enthousiasme touchant qui le porte à s’effacer sans cesse derrière ce grand maître, ne peut empêcher les amis de l’art d’apprécier le mérite personnel de son travail et de lui vouer une haute reconnaissance pour la reproduction du Vœu de Louis XIII. Pour Calamatta, l’art est une religion. Il a terminé son œuvre. M. Ingres est content. L’avenir est doté d’une page sublime. Maintenant, que son travail le ruine ou l’enrichisse, que le sujet soit populaire ou antipathique à la foule, que sept ans de sa jeunesse soient sans fruit pour sa fortune et pour sa gloire, c’est de quoi Calamatta n’a pas le temps de s’occuper. Il a d’autres travaux à entreprendre, d’autres devoirs à accomplir. Dans sa mansarde vit un autre grand artiste, un ami inséparable, un génie frère du sien, Mercuri, non moins pauvre, non moins ignoré, non moins indifférent aux bruits du monde et aux faveurs de la fortune. Entre autres gravures d’un haut mérite, Mercuri a reproduit d’une manière ravissante le tableau des Moissonneurs de Robert. Cette gravure a reçu fort peu de publicité, et c’est une perle véritable pour les arts. Bientôt il fera paraître la gravure d’un charmant petit tableau de