Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jésus est un chef-d’œuvre de dessin. La tête est aussi régulière, aussi divine que celle de sa mère. Mais ce qui est incomparable, c’est le mouvement des deux mains de la Vierge, qui posent avec le calme et l’aisance de la force sur les flancs de Jésus. Leur attitude a une puissance inexprimable, et toute la figure de la Vierge est empreinte d’un orgueil divin. On voit qu’elle porte avec une joie muette la rédemption du monde, l’avenir des générations.

Déjà la lithographie avait popularisé cette tête de Vierge, mais ce travail incomplet n’avait même pas le mérite de rendre fidèlement le modèle. La Vierge y est représentée comme une femme encore belle, mais déjà mûrie par l’âge, et ce type conviendrait mieux à la mère de saint Augustin qu’à la mère éternellement jeune du Christ. Chez M. Ingres et chez Calamatta, qui l’a fidèlement reproduite, Marie est aussi jeune que chez Raphaël, bien qu’au premier abord la différence des types accuse une différence d’âge.

M. Calamatta a rendu ce tableau avec une perfection qui ne laisse rien à désirer. Sept ans de travail, et plusieurs voyages en Italie ont été consacrés à cette œuvre patiente et consciencieuse. M. Calamatta est le Ingres de la gravure. Le burin si renommé des Anglais n’a rien produit de plus beau que le masque de Napoléon, dessiné et gravé par lui. Le Vœu de Louis XIII ne peut qu’augmenter cette réputation d’élite. S’il nous est permis de poursuivre le parallèle entre l’Assomption du Titien et le tableau de M. Ingres, nous dirons que Schiavoni a fait sa fortune en gravant l’Assunta et quelques autres tableaux classiques. Schiavoni fut dans la haute faveur de l’empereur d’Autriche, il acheta un des plus beaux palais de Ve-