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et de mélancolie. Telle elle doit se montrer dans les rêves du jeune artiste, symbole divin d’espérance, d’amour et de pardon. Dans la représentation du Vœu de Louis XIII, c’est la Thémis chrétienne, et elle semble dire : « Vous aurez un grand compte à rendre. » Dans la pensée de M. Ingres, c’est l’équité immortelle, disant : « Rien n’est beau que ce qui est grand, rien n*est durable que ce qui est vrai. » Si nous passons de la pensée à l’exécution, nous trouvons cette irréprochable pureté de dessin, que du moins personne ne s’est avisé jusqu’ici de contester à M. Ingres. Sa couleur, moins riche que celle du Titien, est pourtant distribuée avec plus de science dans le Vœu de Louis XIII que dans l’Assunta. Ici, la vierge un peu renversée et vue dans une sorte de raccourci, en s’élevant vers le foyer lumineux, reçoit la lumière sur son front radieux, et la laisse comme couler en s’affaiblissant jusqu’à ses pieds. Les personnages prosternés au premier plan sont donc éclairés par de grandes lames et accusés par de fortes ombres, ce qui fait paraître la figure de la Vierge réduite à des proportions trop petites pour le peu d’élévation où elle se trouve ; et lui donne moins d’importance au premier abord qu’aux personnages secondaires, dont le groupe n’est pas irréprochable. Dans le tableau de M. Ingres, la Vierge est dans une attitude perpendiculaire, le foyer l’éclair» ; par derrière et la montre dans un relief complet. Le groupe de la mère et de l’enfant est accusé plus que le groupe inférieur qui, recevant comme une réfraction, a plus de noblesse et de transparence, quoique moins éclairé en réalité. Cette disposition de la lumière est d’un grand effet et la figure principale en reçoit une solennité importante. L’enfant