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sans aucun doute, l’homme éprouve le besoin de rapprocher la femme de son âme, et la femme cherche à communiquer plus intimement avec la parcelle de divinité, dont l’homme n’est peut-être pas doté plus largement qu’elle, mais que les lois humaines ont moins étouffée en lui.

Nous pensons que les trop brusques protestations qui se sont élevées de nos jours ont été plus nuisibles qu’avantageuses à l’émancipation des femmes. Elles se sont pressées de réclamer des droits dont il n’est pas encore prouvé qu’elles soient aptes à jouir, même dans une donnée de progrès considérable. Si nous avions un conseil à leur offrir, ce serait de se montrer très-modestes dans leurs prétentions et très-méritoires dans leurs actes. Jamais les bouleversements politiques ne leur fourniront des chances d’affranchissement, puisque l’action des forces physiques leur est déniée par la nature. Mais un évangile de douceur, de sagesse et de persuasion, une révélation de la véritable dignité morale, pourront améliorer leur sort, et les replacer à la longue dans une position honnête et supportable.

Les écrits des femmes ont donc une très-grande importance psychologique, et loin de les critiquer avec une sévérité qui n’est ni difficile, ni généreuse, il serait d’un esprit sain et grave de les examiner avec attention, de les juger avec indulgence. Nous ne voyons pas qu’on l’ait fait, et que les décisions dont elles ont été l’objet aient été exemples d’une galanterie excessive, ou d’une excessive dureté. Les femmes n’ont pas droit de cité au Panthéon, mais leur place n’est pas celle que veulent leur assigner beaucoup d’hommes, plus femmes qu’elles.