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Mais, avec ces promesses plus glorieuses, avec ces prétentions plus hautes, les ambitions ont pris un caractère d’intensité fébrile qu’elles n’avaient pas encore présenté. Les âmes, surexcitées par d’énormes travaux, par l’emploi de facultés immenses, ont été éprouvées tout à coup par de grandes fatigues et de cuisantes angoisses. Tous les ressorts de l’intérêt personnel, toutes les puissances de l’égoïsme, tendues et développées outre mesure, ont donné naissance à des maux inconnus, à des souffrances monstrueuses, auxquelles la psychologie n’avait point encore assigné de place dans ses annales.

L’invasion de ces maladies a dû introduire le germe d’une poésie nouvelle. S’il est vrai que la littérature soit et ne puisse être autre chose que l’expression de faits accomplissables, la peinture de traits visibles, ou la révélation de sentiments possiblement vrais, la littérature de l’Empire devait réfléchir la physionomie de l’Empire, reproduire la pompe des événements extérieurs, ignorer la science des mystérieuses souffrances de rame. L’étude de la conscience ne pouvait être approfondie que plus tai’d, lorsque la conscience elle-même jouerait un plus grand rôle dans la vie, c’est-à-dire lorsque l’homme, ayant un plus grand besoin de son intelligence pour arriver aux choses extérieures, serait forcé à un plus mûr examen de ses facultés intérieures. Si l’étude de la psychologie, poétiquement envisagée, a été jusque-là incomplète et superficielle, c’est que les observations lui ont manqué, c’est que les maladies, aujourd’hui constatées et connues, hier encore n’existaient pas.

Ainsi donc le champ des douleurs observées et poétisées s’agrandit chaque jour, et demain en saura plus