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Quand ils abordèrent, le jeune guerrier cueillit une petite plante.

» — C’est une fleur des montagnes de Kaf, dit-il, nous sommes en Scythie.

» — Quel dieu dois-je remercier, Némeith ? N’es-tu pas dieu toi-même, et n’est-ce pas toi seul que je dois adorer ?

» Némeith n’osa lui rappeler la colère de Ptah et les serments dont le fleuve Léthé l’avait enfin déliée.

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» Un an après, lorsque les anciens guerriers de Némeith et ceux qui avaient échappé aux feux de Ptah eurent rejoint leur chef, deux beaux jumeaux aux cheveux d’or voyaient le jour devant la hutte de feuillage, sous les grands arbres de la forêt.

» La première fois qu’ils sourirent à leur mère, elle se souvint confusément du passé et dit à Némeith :

» — Ai-je rêvé que j’étais une grande princesse et qu’un peuple immense m’adorait comme une divinité ?

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» Hemla, qui, dès son enfance, avait lu dans les livres sacrés, recouvra peu à peu la mémoire des événements ; mais les mystères du temple Atanor lui furent à jamais voilés, et le dieu unique des géants et titans barbares, qui avait béni son amour, fut celui qu’elle transmit à sa postérité.

» … Elle enseigna à ses fils les arts de la civilisation, et tandis que Némeith détruisait les monstres vomis par le déluge, Amphion bâtissait une ville en pierres blanches qui fut appelée Ataba ou Thèbes, la ville mère. Zéthus retrouva dans l’herbe les débris