Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée

rent dans la direction des montagnes de la Scythie.

» Elles sont loin, et les terrains délayés par le pluie deviennent impraticables.

» Les chevaux enfoncent dans une vase toujours plus profonde. Exténués de fatigue, ils ne peuvent lutter contre les courants de boue qui bientôt les entraînent avec les rochers, les prairies et les forêts.

» Un cavalier s’enfonce, puis quatre, puis vingt, puis cent.

» Hu-Gadarn crie :

» — Némeith ! si tu revois nos steppes, fais de mon fils un guerrier.

» Et il disparaît.

» Le Gète sent son cheval s’engloutir, il s’empare d’Hemla, il nage et fend les flots impitoyables.

» Ils sont seuls au milieu d’un océan sans rivages.

» — Hemla, te souviendras-tu au moins de ce que tu vois là, si nous en sortons ?

» — Je ne comprends pas, mais j’ai peur.

» Il rencontre le cadavre flottant d’un mammouth. Il s’y cramponne et reprend haleine ; le mammouth disparaît, »

Némeith heurte un autre cadavre, c’est celui d’Herser, son ami. Les torrents l’entraînent. La nuit vint longue et cruelle.

Ils ont trouvé une poutre, puis un tronc d’arbre :

« La pluie qui la veille est tombée en gouttes plus grosses que le poing, tombait en gouttes plus grosses que la tête d’un taureau.. Le froid les perçait de ses flèches. La faim se fit sentir impérieuse, dévorante.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Le jour suivant, une troupe de léviathans leur barra le passage et menaça de les engloutir. Némeith cher-