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pre corruption qui le ferrait non-seulement d’admettre celle d’autrui, mais encore d’en faire la base principale de son système, enfin ses propres appétits que le déchaînement des autres appétits sollicitait autour de lui. Tout cela peut être dit pour atténuer ce qui nous révolte dans l’audace ou dans l’inertie de sa conscience, et même l’esprit critique et analytique de notre époque nous a donné un sens qui manquait à nos devanciers ; nous savons maintenant beaucoup pardonner aux hommes du passé. Nous leur tenons compte précisément de l’influence de ce passé, que nous connaissons mieux. Si nous ne déifions plus les météores, nous leur sommes aussi plus indulgents et le scepticisme nous a conduits à une équité remarquable. Il n’y a pas à douter de l’esprit moderne sur ce point, et il n’est pas nécessaire de dissimuler les ombres d’un tableau pour que nous en saisissions les lumières.

Ce n’est pas que la louange soit décernée à César avec emportement dans ce premier volume. Rien n’y choque le goût, rien n’y dépasse la mesure. C’est une démonstration et non une apothéose. L’esprit de modération resplendit dans ces pages parfaitement pures d’esprit de parti et d’aversions systématiques. Elles sont vierges d’emphase et on peut en dire ce que Cicéron disait du style de César lui-même : « Il est pur, coulant, dépouillé de toute parure oratoire et pour ainsi dire nu. Peut-être quelques sots écrivains croiront pouvoir broder ce canevas, mais les gens de goût se garderont bien d’y toucher.

Par cette sobriété de moyens et cette discrétion de sentiments, le livre ne réalisera probablement pas l’at-