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passé avec toutes les aspirations également divines du présent, tout ce qui dans la philosophie, dans la science sociale comme dans toutes les sciences, dans le naturalisme glacé comme dans les ardeurs de l’investigation religieuse, dans les arts comme dans l’industrie, enfin dans toutes les grandes manifestations de la raison, du sentiment et du génie, a élevé, embrasé et fécondé l’humanité. Tout ce que nous rejetterons du trésor commun sera éternellement regrettable, si tant est qu’il nous soit possible de le rejeter éternellement, ce que je ne crois point.

Mais si le temps de concilier tous nos éléments de certitude à l’aide d’une méthode supérieure n’est pas encore venu ; si la grande synthèse est encore en travail ; ou si déjà dégagée elle n’est pas encore entrée dans les conditions de vulgarisation qui peuvent la rendre populaire, n’y a-t-il pas moyen d’aider le monde, de nous aider nous-mêmes à la recevoir, à la comprendre, à l’examiner et à la développer ?

Cette synthèse sera désormais l’ouvrage des hommes. N’appartient-il pas à tous les hommes d’y contribuer ? Voilà pourquoi je disais, pensons-y et ne crions pas que peu nous importe, car tous nos maux viennent d’avoir des croyances que nous n’avons pas tous songé à remplacer.

Notre grande plaie actuelle, c’est la paresse métaphysique. De là vient que nous acceptons chacun un aspect de la vérité, et prétendons qu’elle n’a que celui-là, celui que nous avons choisi paraissant toujours à notre vanité le meilleur, le seul digne de respect. C’est une grave erreur. Nous ne serons vraiment des hommes que le jour où nous verrons la concordance de toutes les faces du vrai. C’est alors que