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Cette grande recherche qui est celle de tous les temps et de tous les âges, ce vrai relatif tant désiré par l’homme et si longtemps présenté à son aspiration sous la forme absolue des dogmes religieux, que sera-t-il pour les esprits du prochain siècle ? On peut prédire à coup sûr qu’il n’aura plus de forme exclusive, puisque déjà il n’a plus de culte obligatoire en dehors des États du pape, et puisque nous voici arrivés à cette formule officielle : « Les vérités morales qui sont le fonds commun de l’humanité, et dont vivent les sociétés laïques, la religion les présente sous la forme qui lui est propre ; il est bon, il est nécessaire que la raison, elle aussi, les enseigne, afin qu’aucun esprit n’y échappe. »

Ces paroles du nouveau ministre de l’instruction publique ont une grande portée. Quelque limitée que puisse être leur application, elles expriment une pensée acquise au progrès, car c’est bien en vain que les pouvoirs changent et que les règlements se succèdent : ce qu’en tout temps et en tous pays les gouvernements consacrent par des formules de ce genre est l’expression d’une conviction sociale qu’il ne leur est plus possible de retirer en retirant l’institution protectrice. Le public souffre beaucoup d’atteintes à sa liberté d’action, il ne rend jamais la moindre parcelle de sa liberté morale.

Donc, la formule de la croyance publique c’est une somme de vérités morales, qu’il est plus simple de nommer sommairement la morale. C’est la formule indiscutable, indiscutée de tout temps, mais essentiellement liée autrefois au dogme religieux, aujourd’hui affranchie de ce dogme et subsistant par elle-même, se développant par elle-même, n’acceptant enfin l’en-