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blique ou dictature, dès qu’il entre dans cette voie de la répression brutale qui autorise l’attentat sur les personnes au nom d’une prétendue sécurité publique, — l’ordre à Varsovie, — ce gouvernement aiguise l’arme qui se tournera tôt ou tard contre l’idée qu’il représente ; il sème les dents du dragon qui, au contact de la terre, c’est-à-dire après un moment d’ensevelissement où s’opère la gestation féconde, se redresseront sous la forme de combattants innombrables et invincibles. Il en est ainsi de tout ce que l’on tue. Le sang de l’humanité est une source de renouvellement. Les hommes forts renaissent de leurs cendres et guérissent de leurs plaies. Et cette loi est si absolue et si fatale que les faibles eux-mêmes trouvent une force et une vertu dans le martyre. Tout comme Robespierre et Danton, Louis XVI, sa femme et son fils sont des victimes qui, en passant sous le niveau fatal de l’échafaud, ont acquis le droit de revivre dans des partis avec lesquels l’histoire aura peut-être encore à compter, — à moins que la notion de la véritable civilisation n’entre enfin dans toutes les âmes, en commençant par celles des hommes appelés à l’application des idées dominantes, et qu’on nomme, chacun en son temps, les hommes du pouvoir. Et cette notion est si simple qu’on s’étonne de la voir encore méconnue. Elle se formule en deux mots : La persécution crée la résistance et la force humaine sort de l’écrasement.

Qui le sait mieux que… Mais ne faisons point d’application particulière. Le principe est debout et s’applique à toutes les situations, à toutes les nations, à tous les hommes. Quand on vient de lire ce livre rapide et fort, les Miettes de l’Histoire, si l’on osait