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Montgommery, des Bandinelli, de Charles II, de Jacques II, de Jean Cavalier, de Chateaubriand, du duc de Berry, etc. Il n’est pas jusqu’à une simple visite à Victor Hugo qui n’autorise parfaitement l’auteur à tracer un portrait de madame de Girardin, portrait excellent et d’une sympathique chaleur, où nous la retrouvons telle que nous l’avons connue dans ses dernières années, les plus belles de son esprit et de son âme. Enfin ce livre, à la fois terrible et attendrissant, finit par des appréciations dont le badinage spirituel se ressent du souvenir de profondes tristesses.

L’analyse d’un livre ainsi conçu est impossible, et ce qu’il y a de mieux à en dire, c’est qu’il n’y a rien à passer. Chaque chapitre historique est un drame presque charpenté, comme on dit élégamment en ce temps-ci, pour la scène : chaque chapitre de souvenir personnel est un cri de patriotisme ou une moquerie tout à la fois attendrie et amère.

Et que faut-il conclure de ce livre ? C’est que l’exil grandit les noms que la politique voudrait rayer, à de certaines heures. Malheureux humains que nous sommes ! eût dit J.-J. Rousseau. Nos luttes farouches n’auront-elles jamais pour résultat que le meurtre, la prison et le bannissement ? Vous le voyez, l’homme est fait pour vivre seul. Il ne peut soulever aucune question de principes, sans que la guerre éclate, sans que la haine s’assouvisse, sans que la proscription décime, sans que le bourreau fauche, sans que les grands esprits soient persécutés ou sacrifiés : un jour c’est Napoléon à Sainte-Hélène, un autre jour, après Chateaubriand, c’est Victor Hugo à Jersey ; ailleurs Louis Blanc, Pierre Leroux, Quinet, Mazzini, Gari-