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vinaigre ; mais la géologie ne connaît plus ces roches qu’on ne pouvait entailler ou briser autrement. Il ne s’en fait plus.

La légende est permise, mais l’art du conteur avait été, jusqu’à cette page, de la déguiser admirablement. On pouvait véritablement croire que tout ceci était arrivé. On ne le croit plus dès qu’on est entré dans ce défilé fabuleux ; mais que de qualités grandioses rachètent cet écart poétique ! Quel style sobre et puissant à contenir l’exubérance de l’invention ! Quel savant et persistant procédé pour présenter des images saisissantes avec des mots tout simples, mais dont la netteté d’appropriation ne souffre pas le moindre essai de dérangement et de remplacement pour la critique ! Quels personnages, même les moins montrés, ce procédé magistral vous incruste dans la pensée, éclairés d’un jour ineffaçable ! C’est comme un défi jeté à tous les procédés connus et à toutes les impuissances du langage, car il se sert rarement de la comparaison. Il la dédaigne ; il n’a besoin que du fait même pour en faire jaillir l’impression complète. — Allons, allons, mon ami, cet auteur-là est un malin, comme disent les enfants de Paris, et on le verra à l’œuvre, quoi qu’il fasse !

Janvier 1863.