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Le culte douloureux que je voue à ses charmes,
Et le trouble mortel que j’éprouve à la voir.


J’ai vainement cherché le mot de ce mystère ;
Mon cœur n’a rien trouvé qu’il dût se reprocher.
Oh ! cet affreux néant des choses de la terre
Prouve bien qu’à Dieu seul l’homme doit s’attacher !


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Poëte malgré moi, je sais qu’à ses merveilles
Je ne puis pas fermer mes yeux et mes oreilles,
Que cet adieu n’est pas absolu ; mais je sens
Qu’elles n’ont plus pour moi des attraits si puissants,
Et qu’il faut qu’à mon cœur un cœur aimé réponde,
Pour qu’il s’enthousiasme au spectacle du monde.
L’homme seul ne vit pas t Dans son isolement
Comme dans un cachot il s’éteint lentement.
Si robuste qu’on soit, la solitude tue,
Et la création n’est plus qu’une statue.
Qu’en froid admirateur nous allons visiter,
Mais que notre cœur mort ne sent plus palpiter.
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J’accomplis à cette heure un sacrifice immense.
Il le faut ! Cette lutte engendrait la démence !…
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Si mon amour s’était en haine transformé,
J’aurais beaucoup haï, car j’ai beaucoup aimé !


J’ai préféré toujours vous aimer, ô mon angel
Mais en moi cet amour se modifie et change :
Dieu l’apaise et l’empreint d’une chaste douceur ;
Vous étiez mon amante, et vous serez ma sœur.


Il est bien difficile que de si courts fragments communiquent l’émotion du livre. Ils donnent pourtant ridée du fond et de la forme. Disciple des lyriques modernes, Poncy s’est assimilé les qualités et les dé-