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— Ton secret, je l’ai su, sans doute avant de naître,
Mais jamais dans un homme il ne s’est incarné.
Si ce n’est qu’au tombeau que je dois te connaître,
Idéal, idéal, pourquoi donc suis-je né ?


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Quel oiseau de malheur plane ainsi sur nos têtes ?
Quel vent effeuille, ô Dieu ! les roses de nos fêtes ?
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Pourquoi tant de sueurs, pourquoi tant de misères ?
Tant d’affreux désespoirs, tant d’immondes ulcères,
Tant de pervers instincts, et tant d’affliction ?
Pourquoi le mal, enfin ? dans ton œuvre immortelle.
En est-ce ainsi partout ? ou la terre n’est-elle
Rien que l’arrière-faix de la création ?
Comment l’aimerons-nous, puisqu’il faut qu’à chaque heure.
Nous pleurions sur quelqu’un, ou que sur nous on pleure ?
Qui de nous, désormais, la truelle à la main.
Viendra pour l’avenir bâtir sur cette argile.
Si le sol sous nos pieds est toujours plus fragile,
Si l’œuvre et l’ouvrier n’ont pas de lendemain ?


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Sa victoire sur moi fut complète, absolue,
Tout ce qui n’était pas elle fut oublié ;
Et dès que mon amour pour reine l’eut élue,
Mon sort, docile esclave, à son sort fut lié.
A ses divins baisers je suspendis mes lèvres ;
Mais je ne croyais pas qu’une telle liqueur
Put allumer en moi de si terribles fièvres
Ni que ce feu si doux pût consumer mon cœur.


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Un jour, tout cet amour, en ime étrange haine
S’est transformé : pourquoi ? · · · · · · · · ·
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Non, non ! ce n’est pas moi ! j’en atteste mes larmes !
Mon dégoût de la vie et mon long désespoir,