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appartenait alors à ces opinions mixtes, prudentes et sagement modérées qui sont celles de tous les bons esprits ne nous satisfait pas et nous persuade peu. Nous n’avons pas à juger ici la vie entière du poëte, nous ne parlerons pas des opinions de son âge mûr.

Laissons-le dormir sous les lauriers dont on vient de couvrir sa cendre, elle appartient aux opinions de l’Académie, si toutefois l’Académie a des opinions. Nous ne la réclamons pas. Mais nous avons tous quelques droits sur sa vie, sur le souvenir que nous avons gardé de la jeunesse de son âme, de ses premières inspirations, qui nous ont remué aussi et bien vivement, jeunes que nous étions nous-mêmes alors. Le libéralisme de ce temps-là, c’était l’opinion avancée, l’esprit de liberté rajeuni au sortir de l’Empire. C’était, pour la majorité, le drapeau courageux et périlleux à porter. Il y avait bien des nuances dans le libéralisme ; puisque ni les débris de la Montagne, ni M. de Chateaubriand, ne reniaient cette qualification. Le libéralisme, c’était la résistance, et on n’y faisait pas trop de catégories. De tous ceux qui s’enrôlèrent, plusieurs ont marché en avant, d’autres se sont arrêtés. Nous ne parlons pas de ceux qui ont reculé. Mais qu’il y ait toujours lumière et vérité dans la prudence ou la lassitude, c’est un point très-controversable, et qu’il nous est permis de ne pas adopter, nous qui regardons Socrate et Jésus-Christ, avec tout leur cortège de martyrs et de révolutionnaires, comme de très-bons esprits, bien que leur libéralisme fût très-peu mitigé et ne gardai nullement le milieu du pavé.

Nous ne ferons pas plus longue guerre à M. Sainte-