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nifeste du public en ses derniers retours, après tant d’épreuves éclatantes et contradictoires, de se montrer ouvert, accueillant, de puiser l’émotion où il la trouve, de reconnaître la beauté si elle se rencontre et de subordonner en tout les questions des genres à celles du talent. »

Quoi de plus élevé que ce jugement, et de plus digne d’un artiste que ce regret ? Pourtant, ce n’était pas le lieu et le moment d’accuser sévèrement Casimir Delavigne d’avoir manqué à la mission qui lui était tracée. Aussi M. Sainte-Beuve a-t-il vite sauvé l’allusion avec cette adresse et cette tolérance sans restriction qu’il faut apporter à l’Académie. Alors, la difficulté, l’impossibilité de son rôle de critique en pareille occurrence s’est fait sentir malgré tout son talent et son bon goût. Il a fallu ménager les vivants et les morts, respecter tous les efforts qui vont grossir le trésor commun ; bref, nous dire que tout chemin mène à Rome, c’est-à-dire à l’Académie. La conclusion est restée un peu vague, à force d’être richement habillée sous les formes du langage et la bonne intention de tout concilier. Nous espérons que M. Sainte-Beuve prendra ailleurs sa revanche, et qu’il n’abandonnera pas la défense de ses opinions littéraires. Mais nous nous disions en l’applaudissant : « Voilà donc à quoi sert le laurier académique ? à montrer, ne fût-ce qu’une fois en sa vie, que l’on peut être habile et contraint sous un air affable et dégagé ? »

Quoique ce discours de réception nous ait charmé en tant que travail littéraire, nous ne renonçons pas au droit de dire que certaines expressions appliquées au caractère et aux écrits du jeune auteur des Messéniennes ne nous ont point paru exactes. Dire qu’il