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grès, et le désir de combattre les abus et les erreurs de leur siècle.

On les étranglait, on les brûlait au temps passé. Aujourd’hui, on les exile, on les emprisonne, s’ils sont hommes ; on les insulte, on essaye de les outrager, s’ils sont femmes. Tout cela est bien facile à supporter quand on croit ; depuis l’estrapade des vieux siècles jusqu’à l’ironie injurieuse du nouveau, tout est fête et plaisir intérieur, soyez-en certains, ô contempteurs de l’avenir, pour quiconque a foi en l’avenir.

Vous perdez donc vos peines ; les hommes s’instruiront et travailleront à s’instruire les uns les autres, sous toutes les formes, depuis le trouvère avec son vieux luth, jusqu’à l’écrivain moderne avec l’idée nouvelle.

La vérité du temps a été dite aux hommes du temps. Certains esprits synthétiques la renferment dans une doctrine que l’on étudie, que l’on discute, que l’on juge, et qui laisse de grandes lueurs, lors même qu’elle est incomplète.

Les philosophes, les historiens, les politiques jettent la foi et la lumière à pleines mains, même ceux qui se trompent, car l’erreur des forts esprits est encore une instruction pour ceux qui cherchent et choisissent.

Les artistes viennent après eux, et sèment un peu de blé mêlé sans doute à des herbes folles. Mais ces folles herbes, le temps, le goût, la mode, qui, elle aussi, est une recherche du progrès dans le beau, en feront aisément justice. Le froment restera. Nos descendants souriront certainement de la quantité de paroles, de fictions, de manières qu’il nous a fallu