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XII

PRÉFACE DES POÉSIES DE MAGU


Le plus naïf et le plus aimable de ces poètes nouvellement éclos au sein du peuple, dont nous avons déjà plus d’une fois signalé l’avènement, c’est le bonhomme Magu. Artisan rustique né au village, sachant à peine lire, il précéda de beaucoup d’années Beuzeville et Lebreton, Poncy, Savinien Lapointe et même, je crois, Durand, qui est de plusieurs années plus jeune que lui. Magu, tout jeune garçon, amoureux de sa cousine, qui est aujourd’hui la mère Magu aux quatorze enfants, rimait avant que l’on songeât à la nombreuse postérité que notre époque vient de donner à maître Adam, le menuisier nivernais. Il s’inspirait de la Fontaine ; il avait deviné Déranger ; et, sans atteindre ni l’un ni l’autre, il ne restait en arrière de personne dans la sphère de ses idées et dans la nature de son talent. Moins habile à manier la langue nouvelle que Poncy et Lapointe, brillants produits de l’école