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monde. Prouvez-leur, en restant fidèles à la probité, à la famille, au travail honorable qui se présentera, et fermes dans la foi que vous devez faire triompher, que votre vertu est invulnérable. Si vous êtes recherchés par de nobles amitiés et qu’elles ne vous détournent pas de vos devoirs, quel que soit le rang de ces nouveaux amis, montrez-leur la figure respectable et l’âme pure d’un homme du peuple accomplissant sa grande mission sans morgue et sans faiblesse. Est-ce que la noblesse, est-ce que la bourgeoisie n’ont pas de grands enseignements à recevoir de vous ? Est-ce qu’il n’y a pas là aussi quelques âmes pures, prêtes à profiter du spectacle touchant de vos vertus ? Il y en a sans doute, et vous ne devez pas détourner d’elles votre large front, dont elles viennent peut-être interroger pieusement le mystère.

Mais écartez sans crainte et sans pitié de vos chastes demeures l’oisiveté insolente et la flatterie dangereuse. Ne laissez pas dévorer votre temps précieux par de vaines satisfactions d’amour-propre ; dominez tous les éléments de bien et de mal que votre renommée attire autour de vous, et faites un noble usage de cette gloire qui n’enivre que de sots enfants. Eh ! qu’est-il besoin de vous tracer votre route ? ne la connaissez-vous pas mieux que moi ? Ne savez-vous pas ce que vous pouvez admettre et retrancher dans ces avantages auxquels la volonté de Dieu vous donne dos droits légitimes ? Ne savez-vous pas que, dans vos rapports avec les classes riches, vous devez fraterniser en tant qu’hommes et citoyens, sans jamais pactiser ni transiger avec leurs principes, quand ces principes ne cherchent pas sincèrement à se rapprocher des vôtres ? Vous agissez et vous pensez ainsi ; nous le