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Toutes les forces d’un empire
N’ont pas le pouvoir d’empescher
Le coup qui nous vient dépescher.
C’est ce qui m’afflige et m’estonne.
Que cependant qu’une couronne
Les fait appeler en ces lieux
Les vives images des dieux,
Ils font si peu de récompense
A ceux qui chantent leur puissance,
Sans qui leur esclat le plus beau,
Suivant leur corps dans le tombeau,
Ne laisseroit à la mémoire
Aucune marque de leur gloire.
Que si le ciel m’eust ordonné
Un empire quand je fus né
Je n’aurais jamais esté chiche.
Parce qu’un prince est toujours riche.
De quelque violent effort
Que les puisse agiter le sort,
Ils n’ont jamais l’âme asservie.
Que par la perte de la vie.
Les princes ne peuvent donner
Que ce qui leur doit retourner.
Ils sont maistres de la fortune
En donnant, ils semblent Neptune,
Qui fait les fleuves de la mer,
Mais qui les revoit abismer
Après quelque légère course
Dans leur inépuisable source.
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Bref pour mieux le faire comprendre
Il faut tout donner pour tout prendre.
Mais certes il s’en trouve peu
Qui soient embrasés de ce feu.
Aussi ce qui me réconforte
C’est que si jamais, à la porte
Par laquelle il nous faut passer
Quand nous venons de trépasser,
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