Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

mère, cette effusion avec l’ami, ouvrier et poëte aussi : tout cela est plein de grâce, de mélancolie, d’amour et de piété. Vous voyez que je ne porte pas de préventions dans mon jugement, et que je sympathise de tout mon cœur avec les belles idées associées aux beaux sentiments.

M. Z. — Mais ne vous semble-t-il pas que, lorsqu’on sait goûter si noblement et si saintement une heure de repos par jour, c’est qu’on y porte le témoignage d’une journée consciencieusement remplie par le travail ? Un homme qui sent si vivement les douceurs de la famille, en pourrait-il méconnaître les devoirs ? Et supposez-vous que l’ouvrier qui ferait de bons vers et de mauvaise besogne trouverait assez d’ouvrage pour gagner son pain, celui de ses enfants, de sa mère, de sa femme ?

M. A. — Allons, je vous passe celui-là ; il m’a pris par le cœur, et je ne me défends plus. J’ai beau feuilleter son recueil, je n’y vois pas un hémistiche qui trahisse la moindre piqûre de vanité, cette bête venimeuse qui mord si avant dans le ventre des littérateurs de ce temps-ci (de quelque classe qu’ils soient), qu’elle les rend quasi fous, et presque toujours impertinents.

M. Z. — Je prends acte de vos dernières paroles.

M. A. — Quel piège me tendez-vous ? N’importe, je ne me retracte pas, j’aime les hommes modestes, et j’ai bien de la peine à admirer les plus belles œuvres de ceux qui ne le sont pas.

M. Z. — Je me garderai bien de vous contredire. Voulez-vous que nous cherchions dans les poésies du tisserand si nous n’y trouverons pas quelques traces