Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’y a pas eu moyen, aujourd’hui, de contempler le village intrà muros : nos compagnons veulent voir le pays ; c’est le village qui se promènera avec nous.

Tandis qu’Herminea équite vaillamment un âne modèle, un âne qui passe partout comme un bipède, Moreau nous suit avec sa belle-sœur, madame Anne, son filet de pêcheur, son cheval chargé de provisions, et son neveu, M. Fred (diminutif d’Alfred). Ce dernier n’a d’autre motif de nous accompagner que celui de porter une poêle.

Une poêle ? Oui, une poêle à frire. Moreau a son idée, il faut le laisser faire. D’ailleurs, ce détail fait bien, en queue de la caravane. Nous avons l’air d’une tribu qui se déplace, d’autant plus que nous partons au milieu de la pluie et du tonnerre, comme des gens forcés de partir.

Où déjeunera-t-on ? Où l’on voudra, et quand tout le monde aura faim. Nous sommes sûrs de trouver partout du gazon pour siége, des rochers pour table et des arbres pour tente.

On remonte le cours de la Creuse. Comment