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deux vieilles sœurs l’habitent, deux paysannes très-pauvres.

Elles ne sont nullement étonnées de mon attention ; elles m’invitent à entrer, elles savent que leur maison est intéressante ; elles ne sourient pas dédaigneusement, comme on fait chez nous, quand l’artiste s’arrête pour regarder avec amour un vieux mur. Elles voient souvent des peintres, elles savent que ce qui est ancien est beau. C’est ainsi qu’elles s’expriment.

Elles savent aussi que nous sommes tentés de l’acquisition d’une chaumière ; mais elles ne se soucient pas de vendre, et, moi, je ne me sens pas assez capitaliste pour faire réparer cette ruine.

Je fais le tour du village, et j’interroge chacun. Tout le monde est enchanté de mon idée. On m’accueille comme si j’avais déjà droit de bourgeoisie ; on m’invite à rester, on m’offre bonne amitié et on me promet bon voisinage ; mais, quand il s’agit de quitter son toit pour me le céder, on secoue la tête :

— Vendre sa maison ! est-ce qu’on vend sa maison !