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tous les goûts, même les goûts immondes, sont dans la nature. Mais, chez nous, je pourrais compter ces exceptions.

La villageoise se fait gloire de sa propreté scrupuleuse. Entrez dans quelque chaumière que ce soit, elle ne vous présentera rien sans l’avoir, avec ostentation, rincé, essuyé, épousseté devant vous. À de meilleures tables, vous n’êtes pas toujours certain de pouvoir vous fier à tant de conscience. Cette conscience est une loi de savoir-vivre chez le paysan. Le grand essuyage de la table, et le grand lavage des vaisseaux en présence de l’hôte, est une indispensable politesse. Si cet hôte est un paysan, il se trouvera choqué et boira avec méfiance pour peu qu’on y manque.

Si les réalistes voient parfois le paysan plus grossier qu’il ne l’est réellement, il est certain que les idéalistes l’ont parfois quintessencié. Mais quelle est cette prétention de le voir sous un jour exclusif et de le définir comme un échantillon d’histoire naturelle, comme une pierre, comme un insecte ?

Le paysan offre autant de caractères variés et