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Dieu nous a mis, je le trouverai assez puni de son ingratitude par la privation du bien-être moral et de la tendre admiration que ce pays inspire à qui ne s’en défend point.

C’est une douceur pénétrante, je dirais presque attendrissante, tant la physionomie de cette région est naïve et comme parée des grâces de l’enfance. C’est de la pastorale antique, c’est un chant de naïades tranquilles, une églogue fraîche et parfumée, une mélodie de Mozart, un idéal de santé morale et physique qui semble planer dans l’air, chanter dans l’eau et respirer dans les branches.

Nous traversions parfois d’étroites prairies, ombragées d’arbres superbes. Pas un brin de mousse sur leurs tiges brillantes et satinées, et dans les foins touffus pas un brin d’herbe qui ne soit fleur.

Sur une nappe de plantes fourragères d’un beau ton violet, nous marchâmes un quart d’heure dans un flot de pierreries. C’était un semis de ces insectes d’azur à reflets d’améthyste et glacés d’argent qui pullulent chez nous sur les saules et qui, de là, se laissent tomber en pluie sur les fleurs. Elles en