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biter cette chaumière isolée au bord du précipice ? Le paysan s’y plaît cependant, hiver comme été ; il s’y acharne contre l’eau fougueuse et la pierre obstinée ! Creuser et briser, voilà toute sa vie. C’est une vie d’ermite, c’est un travail de castor. Cet homme aurait le droit d’être sauvage. Loin de là, il est doux, hospitalier, enjoué ; il prend en amitié le passant qui regarde son labeur et admire sa montagne. Ce que nous disons là ne s’applique pas en particulier aux bords de la Creuse, qui ne sont que des gorges profondes, sillonnant de vastes plateaux fertiles et praticables ; mais, si nous avons raison relativement à d’étroits espaces dont le paysan sait, à force de patience, utiliser les escarpements, combien notre sollicitude ne doit-elle pas s’étendre à des populations entières, oubliées et perdues dans les montagnes arides qui sillonnent d’autres parties de la France !