Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’y a pas longtemps que nous avons découvert chez nous le lubin d’origine normande dont nous avait parlé mademoiselle Amélie Bosquet dans son excellent livre ; mais, dans nos champs au lieu de hanter les cimetières, ce farfadet se montre favorable aux moissons, et sème derrière les bons laboureurs ; pourtant il ne faudrait pas le contrarier, car il pourrait bien semer du bedouin et de l’ivraie à la place de froment, si c’était son idée.

Le lupeux est un être franchement désagréable. Un de nos amis, parcourant les steppes marécageux de la Brenne avec un guide, entendit non loin de lui, dans le crépuscule du soir, une voix humaine assez douce, qui, d’un ton enjoué, ou plutôt goguenard, répétait de place en place : Ah ! ah ! Il regarda de tous côtés, ne vit rien, et dit à l’indigène qui l’accompagnait :

— Voilà quelqu’un de bien étonné. Est-ce à cause de nous ?

Le guide ne répondit rien. Ils continuent à marcher. La voix les suivait, et, à chaque mouvement que faisait notre ami, s’écriait : Ah ! ah ! d’une ma-