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Quelque source voisine a trouvé assez récemment le moyen de suinter dans le mur où j’ai encore vu, il y a trente ans, les restes d’une danse macabre extrêmement curieuse. Les personnages glauques semblaient se mouvoir dans la mousse verdâtre qui envahissait le mur : c’était d’un ton inouï en peinture et d’un effet saisissant.

Le Christ assis, nimbé entièrement, qui surmonte le maître-autel de la nef supérieure, est d’une époque plus primitive, contemporaine, je crois, de la construction de l’église. Je l’ai toujours vu aussi frais qu’il l’est maintenant, et je suppose qu’il avait été, dès lors, restauré par quelque artiste de village, qui lui a conservé, par instinct, conscience ou tradition, sa naïveté barbare. Tant il y a qu’on jurerait d’une fresque exécutée d’hier par un de ces peintres gréco-byzantins qui, en l’an 1000, parcouraient nos campagnes et décoraient nos églises rustiques.